mercredi 30 mars 2016

Atelier d'écriture du 29 mars 2016 : les collages




 
 



 



















 
 
 
 
 

 
 

mercredi 25 novembre 2015



Mardi 24 novembre 2014 

 Croisement par un narrateur entre une personne en terrasse qui lit et la lettre qui lui a été adressée. Lui est sur la terrasse à lire la lettre de son aimée qui lui donne l’illusion de sa présence à ses côtés ; lui voudrait s’attarder sur cette terrasse mais, aux termes de sa lettre, elle veut rentrer au foyer, d’ailleurs elle est d’un bon conseil car il voit tout en rouge, rouge de sang comme une prémonition du drame sanglant qui va s’abattre en ce lieu où ils ne seront plus au moment fatal.


Nous devons vivre chaque jour comme si c’était le dernier et puis au dernier jour cela se vérifie. Gorgé de torpeur dans la touffeur inquiétante de novembre, il se dirige en automate vers un jus de tomate aux aromates, à la terrasse de la "Dernière chance". Puis, vient son espérance (1) en robe d’indienne, elle a mis le feu à sa mémoire et il sombre dans l’oubli des bras tendus de son amour. L’air est pur et le ciel translucide, il fait un temps à ne pas mourir, un temps contre-nature qui met même du printemps incongru  aux sculptures, d’où s’élance un rossignol poussant son si bémol. Le spectacle est dans la ville où l’onde de tiédeur porte les émotions bien mieux que les salves électriques d’un groupe de « Hard Metal» et son concert délirant dans un sous-sol aux fauteuils rouges d’un gala parisien. Lui est empressé et, au fil des mots de la lettre lentement déchiffrée, il accroche de mémoire un coquelicot rouge sang au corsage décolleté d'elle ou prend, de ses dents, le bleuet sur la bouche de sa dulcinée, mais sans jamais penser que la belle puisse s’envoler et le laisser seul à friper la rose non offerte, afin de remplir son temps d’attente et de solitude, qui lui mettrait des plis d’amertume aux commissures des lèvres. Elle, l’épistolaire, elle ploie sous le poids du sommeil et troquerait bien la terrasse pour la chaleur du nid qui potentialiserait leurs énergies réunies de leurs deux corps resserrés ! Lui, il voit tout de la couleur du sang, le soleil qui se noie dans son sang qui se fige, le rubis du jus de tomate comme un sang caillé, le rouge aux lèvres et aux doigts de son espérance et, enfin ce sang rouge qu’il devine palpiter à leurs tempes battantes. Mais il ne peut s’arracher à la scène des pigeons qui chipent des miettes à la barbe des consommateurs, non plus au garçon de café qui virevolte entre les tables en portant haut le plateau de verres de grenadine rouge, de ses mille bras de déesse Shiva de terrasse. On dirait que les gens ont brûlé leur maison et ne veulent plus rentrer, mais les roses rouges sentent bon dans le bon soir d’un  vendredi 13 novembre d’une douceur suspecte! Elle, elle veut rentrer et confondre toutes les croisées des chemins, toute vibrante de vie et, au tréfonds, en prise avec le pressentiment  d’une vraie mort plutôt que la petite mort qui engage la vie des humbles, déployant leurs sentiments et l'essor de leurs corps étonnés dans le petit lit du logis d'un moment, qui abrite pourtant leur force au revers de la modestie apparente.


Ils rejoignent le doux foyer et avant d’engager la clé, trois coups sont frappés à la porte par le hasard comme des dés roulant sur le damier de la vie. Oui, le destin mortel et inouï a fait sa ronde en ces terrasses qu’ils viennent de quitter, mais ils n’étaient plus là ; il faisait un temps à ne pas mourir, il faisait beau comme jamais !


(1)          Du moins par sa lettre qu’il décachète et lit.

samedi 27 juin 2015

LE BONNET DE BAIN

Dans ce petit village pas plus grand qu’un bâillement, la mer est là, toute proche avec ses vagues enchantées.
Évidences d’été, évidences tranquilles et trompeuses du jour.

Dans cet été suffocant, elle quitte ses habits de terre et se coule dans son maillot de bain couvert de fleurs.
Dans une obscure extravagance, elle veut jouer avec les dauphins qu’elle croit apercevoir au loin.
Elle rassemble ses longs cheveux roux dans un bonnet de bain jaune, lui aussi, couvert de fleurs.
Elle plonge et part à grandes brassées éclaboussées d’écume dans tout ce bleu qu’on ne peut enchaîner. Elle s’exagère toujours.
Dans un éblouissement elle a disparue. On ne voit plus que les reflets du soleil sur la mer.

Un parfum de désastre rode sur la plage.
Ce n’est que le lendemain que l’on repéra le bonnet de bain à fleurs. Avec la tête, évidemment. Mais…………….. le corps avait disparu.
Avec quel monstre a-t-elle voulu jouer ?

Étrangement un air d’extase sur son visage.

Claude

jeudi 11 juin 2015

Retour de plage

La photo est en noir et blanc Elle est collée dans l'album de famille, Celui à la couverture en tissu vert bouteille.Deux adolescents, de dos avancent sur un sentier sableux
bordé de pins, Lui, est torse nu une serviette de plage nouée autour des reins Elle, porte un maillot de bain une pièce bleu marine aux motifs de grandes fleurs blanches, Ses cheveux très courts sont couverts d'un bob blanc.
L'appareil photo les a surpris de dos, au retour de la plage. Lui, regarde ses pieds Elle, fixe un point au loin.
Elle n'a plus le corps d'un enfant
Pas encore celui d'une femme,
C'est son premier maillot de bain de jeune fille
Elle s'en souvient très bien
Elle a aimé ce vêtement
Avec lui, elle changeait de statut
Photo qui scelle un passage, une transition comme un sceau.

Christine Charlois, le 26 mai 2015

Cabines de plages

Alignées sagement sur le bord de sable, elles trônent fièrement blanches. De leur œil unique, elles ont veillé, regardé, surveillé l’océan, les cabanes de plage. Allait-il réellement partir ? Reviendrait-il ? Le cycle ne se rompit pas, nos vaillantes gardiennes veillaient.
Elles étaient arrivées là, ensembles, toutes d’un coup, une véritable invasion contrôlée. Un petit parapet de pierres délimitait leur périmètre terrestre. Elles provoquèrent l’ébahissement, la joie, le plaisir. Quelques esprits chagrins « c’était mieux avant » se récrièrent, le bruit du ressac couvrit leur mécontentement. Elles vécurent tous, tous les maux, tous les plaisirs, toutes les mesquineries, toutes les effusions des humains. Les modes leurs passèrent dessus, dedans ; les maillots en coton crocheté, lourds, humides, longs, qui les rafraichissaient, les salaient ; puis le synthétique, plus aérien, plus léger, plus collant et enfin la crise du textile, des morceaux épars de tissus qui devaient bien consister un tout, mais lequel ? Les couleurs varièrent aussi, ternes, colorées, pétantes, grises, bariolées, inidentifiables. Tout changeait, progressait, transmutait. La ville s’amplifiait, l’humain surexploitait nos demoiselles, plus de saison de repos, les bateaux enflaient, l’eau montait, l’Amoco Cadiz se répandait. Leur couleur stagnait, identique de la naissance à la vie d’adulte, quelques reprises les rajeunissaient. L’océan allait et venait, les grains de sables se chahutaient. Le phare les rendait à la nuit par intermittence.
Elles lorgnaient sur l’éternité nos cabines de plage.

Éric Thouvenot, le 26 mai 2015

La montagne

Tous les cinq accrochés, ils me tournent le dos
Narquois et moqueur, ils me regardent de haut
Brillant au centre, le Hachuré lâche « toi si filiforme
Tu ne rempliras jamais toutes mes formes »
A droite, le violet, voluptueusement, soupire :
«moi ce sont des hanches généreuses que j’aime embellir »
Le vert, rouge et bleu, réplique, l’air agacé
« quand on m’ajuste, je révèle toute la féminité »
Le jaune rouge et vert murmure … juste comme ça
« tu n’oseras quand même pas ? »
Dans son coin à l’écart, le dernier murmure : « la campagne ?
Ou non … peut être cet été choisi plutôt la montagne ! »

Vanessa Garnero, le 26 mai 2015

vendredi 29 mai 2015

La baigneuse absente

Absente et nue dans son habit de bain,
elle se révèle toute entière dans sa lumière…
Elle est femme… et son habit,
il est de couleurs, de fleurs et d'étés…
Son habit, elle aimait le faire vivre.
Elle aimait s'y installer et de là
elle méditait la mer, elle méditait le ciel.
Elle essayait de donner un nom aux transparences
et aux odeurs…
Un nom pour chaque vent,
un vent caresse ou cet autre, furie,
brulures du sud ou puissance de l'ouest,
souffle des matins et tiédeurs du soir…

Maintenant,
très loin, c'est son horizon,
très loin, elle dessine une ligne,
elle y vit le ciel en même temps que la mer,
elle se voit funambule,
elle marche et court jusqu'à son ile,
elle danse jusqu'à l'invisible…

Elle a vu disparaître l'astre de son jour,
elle espère les clartés de la nuit.

Benoît DECQUE