Quatre maillots sur un mur blanc discutaient de leurs souvenirs. De
leurs plongées, de leurs envols, de leur repos sur les draps de bain.
Les maillots comparaient le chant de leurs couleurs, le galbe de leurs
formes, l’échancrure de leurs décolletés.
Le premier était fier
de son teint d’arc-en-ciel : en lui se conjuguaient le vert de l’océan,
le rouge du désir, le doré du soleil. Il avait traversé des plages de
lumière et dansait l’infini.
Le second, plus timide, osait à
peine sourire. Dans ses teintes pastel, on pouvait voir un sein tendu
vers l’inconnu, un sein plein de tendresse et prompt à se cacher.
Le
troisième maillot n’avait pas su choisir. Entre le rouge et vert, il
hésitait encore. Mais on le sentait prêt à partir en haute mer.
Le
quatrième, enfin, s’était blotti dans l’ombre. Ses couleurs bien plus
sombres l’isolaient de ses frères. Le violet dominait et l’on voyait le
noir qui s’infiltrait en lui. Mais le maillot savait comment vaincre la
nuit. Il avait adopté une touche de turquoise et l’on n’entendait plus,
en s’approchant de lui, que le chant de la mer et l’appel de l’ailleurs.
Francine Weill, le 26 mai 2015
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