dimanche 8 décembre 2013

Atelier - le Nom (Annie/l'ânerie) du 3 décembre 2013

Nom : Annie Mougel

L'Amie : l'âne nie !

L'Annie : c'est comme ma nièce Nawel qui me brode un beau napperon Bonne Année Anie avec un seul n.

L'Amie : La faute de l'âne qui pose Ni bonet ni Anée pour la nuit j'ai pas froid à la tête aux oreilles.

L'Annie : Moi, j'ai beau nez, beau naît, le mot naît, pas money je peins pas je chant'pas.

L'Amie : Mais l'ânerie de poésie naît.

L'Annie : Mou, c'est mou, il gèle, ça réveille "le mou qui gèle" qu'ont dit des gens de 7 ans, le mou, poumon, la poitrine du boeuf toute rouge qu'on donne aux chats ou pour nous en bourguignon, quelle guigne, quel gnon, quel délice, quelle insulte et l'âme qui gèle et le mou !

L'Amie : Eh bien ! Je me souviens du parler de Claude Piéplu à France Culture qui te liais les mots qu'j'en rigole encore des lectures, l'Anie, qui laissent dans l'année des pensées émerveillées.

L'Annie : l'âme nie, l'âne rouge, l'âne nuit et je ris à la lune qui luit, j'ai l'aile de l'âne, j'aile le rouge, j'aile la ville, j'ose ci, j'ose ça, j'ose tout, tourne l'ân'rie, tourne l'écrit !

Annie ou Ânie Mougel ou (pas ?)mouj'aile !

lundi 25 novembre 2013

Odorant équateur

Je vivais dans un bosquet d’eucalyptus qu’une brise côtière berçait inlassablement. Du feuillage bleuté filtrait une ombre légère qui jouait sur les troncs bigarrés et les flaques d’un marigot, en contrebas. La maison était au milieu des arbres, près de la plage. Dans la pièce principale, les jalousies restaient ouvertes à longueur de journée. Aussi y respirait-on à toute heure l’air du dehors, parfois agrémenté du parfum d’une maîtresse.
A l’époque des mangues, des effluves sucrés embaumaient le voisinage pendant des semaines. Puis, des fruits trop mûrs accumulés au sol, montaient des remugles qui, en bouffées âcres, pénétraient chaque logis à l’entour. Le reste de l’année, selon la météo, les vapeurs iodées venues de la mer apportaient les messages capricieux de la houle et du ressac. Elles glissaient ensuite jusqu’au village.
Parfois, quand les mouvements de l’air s’apaisaient un peu, sortaient de la brousse des relents d’humus et de sèves étranges qui enveloppaient la maison, la transformant alors en un cellier odorant et multiple. Mais lorsque, las de voir s’accumuler depuis des mois feuilles et brindilles tombées des houppiers, je faisais un grand feu, alors pendant des jours les murs se trouvaient imprégnés d’une délicate odeur de camphre qui, je ne sais par quelle alchimie, suffisait à mon bien-être.
Certaines nuits, quand la brise tournait au sud, des écharpes parfumées s’échappaient des frangipaniers du parc tout proche, franchissaient les cépées de bambous et venaient, à travers le climatiseur ronronnant de ma chambre, me sortir du sommeil pour me conter de vieilles histoires d’aventuriers et de métives, avant de disparaître comme on referme un livre. Hanté d’images lascives, je ne pouvais me rendormir. Je me levais, allais m’asseoir à mon bureau où, selon mon humeur, je reprenais une lecture interrompue la veille, ou approfondissais, pour tuer le temps, un cours que je devais donner les jours suivants.
Quelquefois, le samedi, des fumets engageants me parvenaient par vagues. Je savais alors que ma voisine s’était installée sur sa terrasse pour cuisiner plus confortablement. De loin, je la voyais s’agiter derrière son pilon et, tout en admirant l’harmonie de ses formes qu’un pagne noué à la va-vite dissimulait à peine, je tendais mes narines au zéphyr pour identifier le plat traditionnel qu’apprécieraient ses invités du lendemain.
Après chaque averse lourde de la saison des pluies, la terre exhalait mille parfums inconnus. Peu à peu des haleines chaudes d’encens prenaient le dessus. Enivré comme dans une cathédrale, je devenais alors officiant et m’installais face à l’autel du salon où, célébrant l’éclatante lumière retrouvée, je consacrais du regard une offrande irlandaise étincelante. J’élevais le flacon à hauteur de mon front pour mieux y capter la clarté des rayons neufs puis portais humblement à mes lèvres le breuvage ambré qui, dans le tintement des glaçons, coulait en petites gorgées espacées. Alors, venaient s’ajouter à cette fête des odeurs celles du malt et de la tourbe dans une sorte de communion des sens qui m’appelait vers d’autres univers.

lundi 27 mai 2013

Pommes, calligrammes et autres trognons…



• Travail en atelier, séance du 23 mai 2013

vendredi 24 mai 2013


Editer son premier livre ?(Gérard)

A fréquenter l’atelier d’écriture, la page blanche effraie de moins en moins  et vous passez de fragments en fragments soutenu par le rythme de la quinzaine et des thèmes proposés. Ecrire pendant 1h semble épuisant au début, mais très vite le noir de notre écriture prend le dessus sur le blanc du support, et même elle l’avale à la manière des trous noirs qui engloutissent la lumière blanche des galaxies éteintes.

Puis ce qui n’était que fragment trouve une cohérence, vous tenez la plume et méditez dans ce genre d’obscurité, ce noir dont vous vous imposez la traversée en solitaire afin de produire de l’écrit. Mais soudain, de tâcheron besogneux,   vous en venez à l’industrie et vos idées fusent au point que la main peine à transcrire ces illuminations qui viennent en paquets, s’imbriquent dans une logique instantanée qui vous échappe. 

Vous êtes comme dictés et vous vous surprenez qu’autant de choses soient sorties des circonvolutions des matières blanches ou grises de votre cervelle! Les idées, les émotions, se vêtent de la syntaxe sous la conduire du verbe, et vous prenez de l’assurance et même bombez le verbe ! Il va donner du branle à l’action, qu’il soit transitif ou non, pronominal ou non, réfléchi ou nom,  passif ou non, auxiliaire ou non. Les compléments, les adverbes, les adjectifs jouent parfaitement leur rôle d’auxiliaires ou de nuanciers de l’atmosphère inventée.

Vous avez noirci dix, puis vingt feuillets, vous ne pouvez plus reculer car les personnages créés veulent aller au bout de leur virtualité, le dénouement se prépare et monte vers son acmé avant d’éclater ! Mais pour cela il convient de nourrir encore les personnages, de nouer les intrigues et d’affiner le décor où tout va exploser ! Vous ne pensez pas encore suffisamment au lecteur potentiel et vous oubliez que le verbe « communiquer » est un verbe transitif, on communique quelque chose à quelqu’un, et c’est tenter de convaincre et de faire croire ! Ecrire un peu égoïstement, cela n’est pas grave car vous êtes à votre première tentative un  peu solitaire, la prochaine fois vous aurez l’histoire et prendrez en compte vos lecteurs potentiels.

Vous en êtes à l’heure du bouclage et tout se tient malgré des imperfections, vous vouliez faire un roman mais il ressemble beaucoup à un essai, vos personnages sont un peu conceptuels et ils manquent de chair et de sang! Les règles de grammaire, la concordance des temps, le doublement ou non des consonnes, les pluriels exotiques devront faire l’objet d’une révision méticuleuse avec le Bescherelle des conjugaisons et de la grammaire pour tous.

Un parent, un ou une amie seront réquisitionnés comme cobayes-lecteurs et correcteurs ; vous les instituez en critique qui se montrent parfois cruels « Je ne vois pas où tu veux en venir, les personnages et le décor sont mal plantés, c’est obscur et souvent répétitif, c’est un agrégat inconstitué de petits bouts de nouvelles, à ta place j’aurais mis ceci ou cela..... » ; mais vous parvenez à la phase finale du manuscrit de 75000 caractères, votre « produit »  peut être  proposé à un éditeur, car un écrit est un message que l’on lance à la cantonade et pourquoi pas au monde entier! Mais les premiers éditeurs contactés vous infligeront les affres de l’attente et souvent la déception : « Votre manuscrit n’entre pas dans notre ligne éditoriale, nous vous conseillons de vous adresser à un autre éditeur » !

Vous passez alors la gamme des émotions, de l’espoir fou à la déception, voire au découragement majuscule ! Pourtant vous vous verriez bien dans une famille d’auteurs, emmitouflé chez « Gallimard » ou « Albin Michel », tout un réseau qui vous prendrait en charge, de la confection de votre ouvrage jusqu’à sa diffusion et à sa publicité ! Mais las ! Vous craignez de rester bien seul avec votre manuscrit et commencez à envisager l’édition à compte d’auteur ou de dénicher une ambulance de l’édition française ! Le doute s’instille en vous comme un poison, vous qui pensiez que votre ouvrage était de bonne facture, d’une esthétique valable mais améliorable à condition d’entrer dans une écurie de l’édition qui par l’excellence de leurs questions et leurs relances contribueraient à bonifier la qualité de vos dits et écrits.

Vous tentez encore chez l’un ou l’autre des éditeurs locaux, mais votre livre n’évoque pas des recettes de Braedele, des histoires de Malgré-Nous ou des monographies touristiques, et vous êtes éconduits pour en désespoir de cause remiser  votre manuscrit dans un tiroir ! Vous espérez encore, peut-être que votre écrit trouvera une postérité après votre mort pour le plus grand bonheur de vos héritiers !

Puis vous tombez sur une publicité de l’éditeur « Edilivre » dans un journal quelconque et comme votre cas est désespéré sans être le plus beau, vous envoyez un extrait de votre livre, sans illusion mais avec une espérance secrète, de celles qui font souffrir au plus haut point !

Vous n’y pensez plus et vaquez à l’ordinaire de votre vie, lorsque incroyablement l’éditeur a daigné vous écrire, et vous n’êtes plus qu’un amas de chair pantelante à l’instant où la pulpe de votre index presse sur l’ouverture du message : « A la suite de notre comité de lecture, nous avons le plaisir de vous informer que votre manuscrit a été retenu.....vous trouverez en pièce jointe deux formulaires de contrat que vous voudrez bien servir ainsi que les annexes y afférent quant aux droits d’auteur et aux conditions de diffusion sur support papier ou informatique... ».

Un coup de tonnerre qui vous sonne, vous voudriez informez 100.000 personnes de ce qui vous arrive, vous ne tenez plus en place et foncez vers la gargote coutumière qui est devenue un café éclatant et commandez deux bières !! Le processus éditorial s’enclenche et vous mettez à profit les trois « Bons à tirer » auxquels vous avez droit, afin de corriger et ciseler encore votre « enfant allégorique » ; puis le produit est abouti qui sera adressé à l’imprimeur, tout n’est plus question que de délai et encore d’attente, mais ces moments d’attente ne sont-ils pas les plus beaux ?

Pourtant vous êtes encore bien seuls avec votre produit car l’éditeur n’est pas « Gallimard » et vous devez en rabattre sur les folles perspectives ! Oubliez tout de suite les à-valoir sur droits d’auteurs, oubliez la diffusion à 30.000 exemplaires dans toutes les librairies et autres hyper-enseignes, l’éditeur réalisera une information des diffuseurs potentiels de l’existence de votre livre, mais quel libraire voudra commander le livre d’un inconnu ?

Puis vous apprenez que d’autres plumitifs de Strasbourg ou du Bas-Rhin ont confié leur prose ou leurs vers à ce même éditeur « Edilivre », alors vient l’idée de créer une antenne où les auteurs peuvent échanger leurs livres et mettre en commun des solutions de diffusion :

            . Envisager une émission commune sur une radio locale.

            . Envisager la participation à un salon du livre à côté des grandes pointures « bankable».

            . Publicité informative dans un quotidien.

            . Se mettre en « tête de gondole » dans un magasin « Grande Surface » pour tenter le chaland d’acheter votre livre en même temps qu’un paquet de lessive.

            .Etc.....

L’éditeur a réalisé votre produit et c’est à vous de le placer, il ne commandera d’impressions supplémentaires qu’à la demande, la vôtre ou dans le meilleur des cas un libraire.

Puis votre éditeur vous questionne sur la date de fourniture de votre  prochain manuscrit ! Mais il est trop tôt pour lui répondre car vous ressentez un genre d’épuisement, un vide, le deuil de votre premier livre qui ne demande qu’à vivre une vie autonome, et jusqu’à vos personnages qui demandent leur liberté.

Enfin vous savez gré à l’atelier d’écriture de vous avoir engagé dans une dynamique de groupe qui vous a poussé au-delà de vous –même, et bien sûr vous n’avez pas manqué de mentionner les animatrices dans la rubrique « Remerciements » de votre ouvrage ; un exemplaire sera remis à chacune d’elle non comme un modèle mais comme la preuve qu’on peut réaliser un petit ouvrage et se réaliser un peu-soi-même, voire s’accomplir dans l’écrit. Votre produit peut également servir de repoussoir pédagogique afin d’expliquer aux candidats d’une telle aventure de ne pas reproduire certaines des erreurs, des impropriétés et du non-respect du canon applicable au genre littéraire auquel vous sembliez vous être adonné.

On peut être satisfait pour soi-même d’avoir abouti un petit écrit, mais passer la rampe serait aussi exaltant, même pour une notoriété de sous –préfecture ! Si c’est un désir, il convient de le réaliser assez rapidement car il ressortit bien de notre condition humaine qui nous inflige de passer si peu de temps sur cette terre ! Sinon nous nous consolerons en nous posant comme appartenant à la dynastie des Celtes, des Alamans ou des Gaulois où l’oralité était prépondérante ; mais pour qui vise un peu d’éternité n’oublions pas cette phrase des pages roses du Larousse, « Verba volent, scripta manent »

mercredi 8 mai 2013

Rien à dire seulement le vent léger,
les embruns, rides passagères,
frémissement gris-vert là où le ciel se voile
et le déferlement blanc,
vagues qui viennent mourir jusqu'à l'extrême bord d'elles-mêmes,
ressassement dérivant en monotonie attendue.



Un tireur vise un papillon posé sur une rose.
Un jardinier le regarde, s'étonne et continue de retourner son jardin.
Un cheval à tête d'ananas s'approche de la rose.
Le tireur tire sur le papillon. Une cloche sonne.
C'est l'heure du repas du chien qui accourt ventre à terre.
Le poisson qui constitue le repas enfouit la tête dans la casserole.
Une fourchette se décide à entrer en scène et croque le papillon.
Un Indien nu fait une courte apparition. Il semble poursuivre une proie avec son arc.

Hélène

D’un rêve d’homme à un rêve de singe (ou le contraire :-) )


Le singe s’approche de l’homme en pagne et lui vole un collier de perles multicolores. L’homme ne fait pas un geste. Il est de dos. Il se retourne lentement. Sa figure est dévorée, sa chair en charpie mais son regard est fixe et très triste. Impression d’angoisse et réveil en sursaut.

 
L’homme s’éloigne du singe en costume et lui abandonne un chapelet de petits os noirs. Le singe s’agite soudainement. Il est de face. Il se retourne brusquement mais son occiput abrite un second visage. Ses traits sont lisses et lumineux, ils débordent du visage et son regard est mobile et très joyeux. Impression sereine au matin d’un calme réveil.                                               
                                                                                                 

Deus ex-machina


En 1960, un médecin gris et triste apprit à Rosa qu’une tumescence apparaissait sur la radiographie de son colon. Une coloscopie lui donna ensuite quelques indications supplémentaires sur le corps étranger qui avait décidé de coloniser, verbe particulièrement approprié en l’espèce, ses entrailles. La tumeur, d’un vert assez vif et pour tout dire assez agréable, ne ressemblait à rien de connu, rien de connu en tout cas du professeur de gastro-entérologie de sa ville de province. Celui-ci adressa donc Rosa à un éminent spécialiste parisien, comme il se doit en pareil cas.

Rosa prépara une petite valise, la mit dans le coffre de sa voiture, un joli petit coupé sport, qu’elle venait d’hériter de son grand-père. Elle avait pris soin d’emmener son ours en peluche, avec lequel elle dormait depuis 23 ans, au cas où l’éminent spécialiste lui demanderait de passer quelques nuits à l’hôpital.

En 1961, Rosa avait épousé l’éminent spécialiste, séduit par cette jeune fille charmante, porteuse d’une tumeur verte filandreuse, qu’il lui promit de guérir. Pour sceller leur union, il lui avait offert un papillon emballé dans du papier transparent. Un papillon aussi léger que Rosa, mais un papillon enfermé, aux ailes non déployées.

Rosa alterna les séjours à la clinique et les retours dans l’appartement du 6ème arrondissement. Le professeur Basler s’efforçait au mieux de la distraire, l’emmenant au bal chez Uba ou au zoo de Vincennes, voir les rhinocéros et les autruches qu’elle affectionnait particulièrement. Une petite pointe de mélancolie vert pomme pointait cependant de plus en plus souvent son nez de chameau dans leur foyer. Alors Jean Basler serrait Rosa dans ses bras.

En 1962, la tumeur se mit à grossir et enfla le ventre de Rosa. La fluorescence limoneuse illuminait l’échographie : une boule entourée de cheveux semblait flotter dans un univers liquide. Inquiet, Jean Basler  se mit à douter des possibilités de la médecine.  Epoux éperdu de sa femme, il l’entoura de plus d’affection encore  et mesura chaque jour la progression  de son abdomen.

Un beau matin, alors que Rosa regardait pensivement  son présent de mariage, un froissement d’ailes fit frémir légèrement  le papier cristal. A l’instant où Rosa dégageait les plis transparents, le papillon s’éleva doucement dans les airs, et commença à tournoyer autour de la tête de la jeune femme. Elle porta les mains à son ventre, frappée lui aussi par de légers frémissements.

C’est le jour du papillon que Rosa accoucha d’un joli garçon, dont le crâne fragile était surmonté d’un toupet de cheveux vert.
                                                                                    Isabelle

Baluba IØLAS et autre Basler Theater…

Baluba IØLAS (78x60), Tinguely - 1970.

Qu'est-ce que je vois?  
Je suis fatigué. Et je sais que je ne verrai pas tout… ce monde, dessiné… des choses… des signes, des animaux, une aile de papillon bien trop grande pour la composition, je sais que je ne verrai pas tout. Et je n'ai pas commencé à regarder… de ce monde, si je m'y intéresse, je ne verrai que ce qui vient à mon œil… le rhinocéros… enfin sa tête, seule et de profil, ce rhino il s'interroge, point d'interro, et l'oie, vise l'oie, que vise-t-elle? un T en majuscule, juste au pied de l'arbre. Je suis fatigué. Mais là, devant l'arbre un urinoir, façon plan d'architecte, collage, il aurait du être façon Duchamp. Une autruche, elle, elle se fait rattraper par une flèche typographique bien grasse, au secours, où suis-je? Un tigre maintenant, au Bengale, au feu! Non, là j'invente, je ne sais rien… un nounours en mauvais état et cette silhouette, un chameau? une empreinte digitale, vaut-elle signature? Tinguely. Ce monde, contenu, posé en vrac sur cette accolade, typographique elle aussi, à l'horizontale, on pourrait la croire entonnoir, tout se vide, tout ce filtre, Febraio, Marzo, Aprile, nous sommes donc en Italie, j'invente, je ne peux pas m'empêcher… LaS GAleria, Via MANzoni au n°12, là j'invente pas, nous y sommes à Milan, MILANO même… Qu'est-ce que j'ai vu? Qu'est-ce que mes yeux ont vu? Le fragment d'un monde, est-il habité? Je suis fatigué. Je répond pas.

Benoît DECQUE, mai 2013.

Basler Theater, Tinguely





J'aurai préféré le dessiner… un rêve et tout son contraire.

Benoit DECQUE, 7 mai 2013, dessin automatique en écoutant Michel Butor lu par Claudine.

Rêve.
J'aurai préféré le dessiner… l'écrire, c'est trop d'incohérence, l'illisibilité prendrait le dessus. Le dessin, ce serait une tête d'un espèce de singe mal coiffé. À l'écriture, il aurait des lucarnes à la place des yeux. Au dessin, d'une lucarne à l'autre, des billes noires en mouvement perpétuel, à l'écriture la tête est posée sur un bloc de marbre blanc, un cube parfait. La tête me regarde. Elle me voit bête à mon tour, elle me transforme. Son regard, mille billes, me siffle dans les oreilles… J'aurai préféré le dessiner, mais ce sifflement dans les oreille, comment le faire taire?

Tout son contraire.
J'aurai préféré l'écrire… le dessiner, c'est trop de cohérence et la lisibilité prendrait le dessus. L'écriture, ce serait une tête d'un espèce de singe mal coiffé et à la place de ses lucarnes il y aurait des yeux*… à l'écrit d'un œil à l'autre, des cubes blancs dans une immobilité éphémère, au dessin la tête serait posée sur une boule de papier noir, une sphère presque parfaite. La bête m'ignore et elle m'écoute, elle me décalque, son regard cube blanc me chante dans les oreilles… J'aurai préféré l'écrire, mais ce chant, comment le dessiner?

 
Benoît DECQUE, mai 2013

* Peut-on voir ici une définition de l'écriture?

Florence, rien à dire…

Toulouse, rien à dire, seulement que c'était ce 7 avril dans cette ville qui se chante avec un "O" accent circonflexe… Marseille, rien à dire, seulement que ça fait un moment déjà (j'ai oublié oublié) dans cette ville qu'"ils" disent être la plus belle du monde!… Alger, rien à dire, seulement que c'était mes années-lycée dans cette ville qui se décline en blanc… Le Caire, rien à dire, seulement que c'était avec Denyse dans cette ville qui ne se donne pas… Mais Florence… 
Florence, rien à dire, seulement que c'était en février dernier dans cette ville qui quand-elle-parle-elle-chante… des rimes en "o" rives de l'Arno, d'autres en "a" Piazza della Signoria, surprises autant de "ah!" que d'étonnements des "oh!"… quelques exceptions ces "i" Sandro Botticelli et ces "é" Alighieri Dante… là je pense à Béatrice à l'Inferno, Ponte Vecchio… Piero delle Francesca, mais ça je ne devrais pas, c'est déjà la Toscane et c'est dans les environs… Mais le détour… il vaut de l'or!  

Benoît DECQUE, avril 2013

Alors toi, fais attention à toi… (autoportrait au vélo)

À vélo… depuis ta cour, attention tout de suite après le porche! Attention je te dis! le mur, tu le sais bien, son épaisseur, elle te cache les piétons, il t'en vient de droite trottoir, il t'en va de gauche… attention au couper de ce vient et va… difficile… mais plus difficile encore, cet autre flux, celui des bagnoles… attention dans un sens et attention dans l'autre… et ce bus… énorme… il te cache tout… et là, le courant, tu le sens maintenant, il est fort très fort et il t'y faut insérer et ne pas hésiter, il te faut pédaler plus fort que lui, fort et plus fort, l'autre berge, ça y est tu y es, et dans la bon sens… mais pas de répit et ne serre pas le trottoir, cet autre trottoir… tu vas te prendre un coup de rétroviseur dans les reins… feu rouge, tu peux remonter la file, attention, fais attention quand même, une portière qui s'ouvre et ça t'es déjà arrivé! flèche orange, orange clignotant, flèche juste pour toi cycliste, tourne à droite, le pont, celui-là tu le connais, le traitre! sa longue strie qui raye son revêtement sur absolument toute sa longueur, attention à tes roues, ne te les prend pas dedans, la chute tu t'en doutes, elle te serait mauvaise! et maintenant, bien marquée, file à contre sens, juste pour toi, vélo, mais ne te crois pas à l'abri, cette file, le trottoir y déborde de tous ses piétons, tu le sais bien, et là, ce sont eux qui ne te voient pas! tu ne compte pas pour eux! et cette bande blanche, c'est du plastique, bien lisse… attention, quelques gouttes de pluie et c'est une véritable plaque de verglas, tu le sais et je te le dis, tu le sais et je te le re-dis, et ton trajet ne fait que commencer… alors toi, fais attention à toi…

Benoît DECQUE, avril 2013

vendredi 12 avril 2013


Mardi 9 avril 2013, Décrire un itinéraire

1-Version 1 : Ce mardi soir tirait à son crépuscule où l’appel de l’atelier d’écriture se muait en une invite feutrée ; un contrepoint de l’agitation d’une population active en migration vers ses points de fixation, ses lieux de repos et de ressourcement.

Ta tête bourdonnait de la sarabande de mots impatients dans ta mémoire !! Pense donc, des mots parqués depuis deux semaines dans ta mémoire, gorgés de sens et d’images, en attente de combinaisons, de mariages, de déclinaisons, d’appositions, de métaphores, de synonymes, d’antonymes et même de contresens !!Leur champ d’évolution n’avait qu’à bien se tenir, syntaxe, grammaire, conjugaison, en somme leur code de la route à eux !!

Tu pousses l’allure de ta bicyclette sur la bande roulante dédiée, la vélocité de tes jarrets traduit ton urgence à envoyer tes mots faire du sens, faire du langage, te dire avant de communiquer avec l’autre du cercle de l’atelier. Dans un bruit de ferraille, le tram te croise en exhibant ses slogans anglais !! Les bras de la foule comme un sang dans les artères de la ville, sont chargés de victuailles du soir ; tu vois le policier municipal intercepter un scootériste, « Vos papiers », il te le verbalise facile mais il ne sait pas « verbaliser, car il n’a même pas utilisé un verbe d’action ; et tu le vois coucher ses graphies velléitaires sur un papillon à la couleur verte de l’espérance !

Tu vois, certains ne rentrent pas chez eux, non, ils gagnent leur havre de mots, ils ne semblent pas habiter l’Alsace mais habiter une langue. Tu avances dans cette allée majestueuse de la Neue Stadt du Boulevard de la Victoire, un décor impérial où tu avances la tête haute et le front levé ! Ton attitude jure avec l’agitation ambiante de la foule industrieuse exécutant le dernier déplacement du jour. Avenue Alsace –Lorraine, tu prends à bras-le-corps ce langage dont tu égratigneras avec fébrilité le Velin de tes papiers ; ces mots dont tu as hérité à la suite d’innombrables passages de bras au cours des siècles précédents ; tu voudrais bien revenir à cet état de nature lorsque le langage n’existait pas encore et conformer le monde à ta guise en lui imposant ton signifiant et en donnant ta réalité à ton environnement, mais c’est une utopie ! Alors plus modestement tu te contentes d’une langue qui existe déjà, tu uses d’une syntaxe que tu n’as pas choisie mais qui se révèle être la même pour tous les participants du collectif de l’atelier d’écriture ; tu sais que tu ne pourras pas dire toute la complexité de la réalité que tu perçois, tu voudrais dire cette fleur perçue à telle heure, à tel endroit, toute sa réalité diverse avant qu’elle ne soit nommée, puis tu te résignes à user de l’abstraction commune et tu l’appelles simplement fleur, ce nom ne traduira pas ce que tu as vu mais tu te feras comprendre des autres. Tu auras réussi à te dire toi-même, et ta motivation à dire et à écrire viendra de ta prise de conscience de toi-même dans l’environnement qui te fut donné.

2*-Version 2 : Mardi soir sonne l’heure de l’atelier d’écriture, un rituel de l’achèvement du jour, un appel à ton imaginaire, à ta créativité, à te payer de mots en stock dans ta mémoire, mots que tu convoqueras et enverras dans les labyrinthes de la syntaxe.

Le ciel est discontinu que tu laisses dans ton dos, un rideau de scène couleur d’encre d’où le soleil avait éclos ce matin. Ta bicyclette est parée que tu pousses en moulinets de jambes volontaires parmi la foule du soir gagnant ses attaches après une fructueuse journée, ou un jour d’errance inutile de plus en ce bas monde. Les allures sont pressées, le respect des règles de circulation est aléatoire, le but ultime est de rentrer chez soi quand toi tu gagnes ton havre du mardi, ton pays de mots car ta patrie c’est la langue qui n’a pas de géographie.

L’allée du Boulevard de la Victoire t’offre un décor impérial où tu avances la tête haute et à ton avantage, sans précipitation, en désaccord avec les fourmis industrieuses agitées dans un mouvement brownien du soir et impatientes de se poser au logis où dort leur reine. Mais toi ton regard s’arrête sur toutes choses dont tu feras ton miel à déposer dans la cire de ton histoire, des mots pour l’hiver du sens où tout foutra le camp ; alors tu pourras rebâtir ce monde écroulé et qui t’échappes, tu courberas l’Ill à ta convenance qui taillera ses rives comme elle  voudra dans le paysage urbain, un sens nouveau éclora pour toi dans ce monde que tu auras plié à façon au bon plaisir de ton imaginaire.

3-description à la manière de Michel Butor

Le kibboutz de Beit Alpha, rien à dire, un idéal socialiste au pays de la Bible, le Jourdain tranquille achevant sa course dans le lac de Tibériade où s’ébattent les poissons de Saint-Pierre au pays d’Eretz Israël. Pays de frontière jouxtant la Jordanie, bombes explosant dans les poubelles à l’heure de la sortie des écoles à Beit Shean,  infiltrations palestiniennes dans leur ancien territoire par le pont Allenby.

Communauté, égalité, ennui dans le kibboutz, enfants socialisés de force après arrachement à leur cellule familiale, petits arrangements de ces idéalistes communautaires avec la morale, avec la vertu, avec les principes, en un mot retour du refoulé de l’humanité éternelle et ambiguë, l’Homme nouveau n’est pas encore advenu dans cette terre de grand promesse.

Commémoration des morts de 1973, chandelier à sept branches matérialisé sur la colline par les enfants brandissant des torches. Rumeurs de Jéricho toute proche aux trompettes mal embouchées. Mosaïque de la population du Kibboutz où les fondateurs se mêlent aux volontaires d’innombrables pays, venus chercher ici les traces de l’idéal que l’on croyait forclos ; pouvait-on envisager encore des idéaux après la Shoah ? La loi mosaïque n’a pas été abolie, la Genèse de l’éternel est bien ici même si on pressent partout la mort pour origine ; on vit ici de naître dans la mort, ici où l’envie de chercher un coupable rencontre le désir juif d’être coupable ; tu viens ici parce que tu es errant, pour venir quêter ce que tu ne sais pas de toi-même quitte à tomber dans le vertige des origines, dans un improbable lien intergénérationnel du sang ; attention les défunts vont ressurgir d’entre les morts sous forme de vampires qui laisseront des masses de victimes exsangues sans cependant faire le point sur leur non-vie !! Quitte donc cette terre car l’éternité est pire que la mort. Mais ce qui est beau c’est l’environnement de Jérusalem, Jérusalem a le plus bel environnement du monde et pour cela il ne faut pas le manquer, alors pèlerinez et pérégrinez sans modération et faites-en sept fois le tour comme on le fit autour de Jéricho et vous verrez bien !!

mardi 9 avril 2013

Upper West Side

Upper West Side, rien à dire, seulement la quiétude chaleureuse d'un portail vers la Nature au pays des écureuils. De part et d'autre des trottoirs, des poignées de marches menant aux façades de briques rouges et de colonnes blanches. Cette ambiance confortable, cette douceur de vivre à quelques pas du trognon palpitant de la ville. Cette beauté princière sans mépris ni esbroufe, conduisant pas à pas au grand poumon vert. Ici, les allées sont parcourues de joggeurs, cyclistes et cavaliers, et de grignoteurs de noisettes roux et noirs, aussi nombreux  que les arbres.

Estelle Rousselot

mercredi 3 avril 2013


Mercredi 26 mars 2013, une inconnue dans le hall d’entrée de l’immeuble.

Le hall d’entrée magnifié par les marbres et les éclairages indirects, étalait ses plantes « alibi » qui transpiraient le synthétique. Ieu de passage, de transit, personne n’y stationnait s’il n’avait une plainte à formuler, une confidence à avouer à la concierge, factotum et réceptacle des lamentations ; on frappait à sa vitre comme au toque à la porte du diable, elle surgissait toujours irritée par ces dérangements intempestifs, elle ne supportait pas cet état de domesticité qui n’engageait pas à lui  donner du « Madame », elle existait uniquement comme facteur de résolution de problème, d’encausticage et de lustrage, tout devait briller mais elle ne devait pas briller par son absence ! Elle était témoin des vies, et vous parlez d’un scénario banal à pleurer, « ça naît, ça vit, ça meurt, ça se remplace et ça recommence !! » pensa-t-elle, en son fors intérieur. Ce jour du dimanche des rameaux où Jésus marchait sur Jérusalem, tous pensaient qu’il était allé au casse-pipe mais en réalité il était un prophète juif rebelle parti conquérir le pouvoir terrestre et le pouvoir céleste, pas moins !! L’ascenseur social quoi !

Afin de faire mentir la théorie du lieu de passage et de transit du hall d’entrée, alors que d’aucuns étaient allés faire bénir des rameaux dans les églises aux diverses confessions, une dame stationna, oui je dis bien, stationna, bien mise parmi les marbres. Elle n’était pas d’ici, elle sentait l’ailleurs, le dehors quoi ! Elle portait un fichu de soie grège en serre-tête noué sous son double menton, et un ample par-dessus de gabardine. Elle avait le regard fixe et la volonté toute braquée sur une photographie  de type anthropométrique, vous savez de celle des condamnés recherchés !

Un examen attentif permit à la concierge de reconnaître le Shah d’Iran, Reza Palhavi lui-même s’il vous plaît ! Un grand de Perse que les mollahs avaient chassé de son pays avec sa Farah Dhiba !! D’ailleurs ne disait-on pas qu’en Iran il n’y avait plus un shah ?

Etait-elle un agent de la police politique, la Savak, une tortionnaire an quête de victimes ou d’exilés affublés de faux noms ? Mais dites, ce Shah dans cet immeuble pensa-t-elle, lorsque soudain un crissement de molettes et de roulettes résonna sur les degrés de l’escalier monumental, un jouet, une souris en métal avec un mince lacet en guise de queue, montée sur des roulettes pouvant se remonter avec une clé plate ! Le mécanisme s’était tout soudain remis en marche, et notre enquêtrice sourcilleuse sourit, il ne devait pas y avoir de shah dans l’immeuble, ni shah persan ni autres, une souris dansant dans l’escalier, fut-elle de méta,l présageait qu’il ne devait pas y avoir de chat ici.

mercredi 13 mars 2013

Découpé - réagencé

Un souffle, l’air léger
Une graine
Un simple nœud aux herbes
Echappée du temps
Je folle

                    Isabelle

Un peu de poésie sonore, à partir de matériau pioché dedans et dehors…


Au loin, du bruit dans la sacristie
Au loin hurlent Benoît Fenouil

                Et sa petite Marie
Au loin tant d’estomacs leur crient

Prenez-nous dans vos jambes
Prenez-nous les mains dedans

Prenez-nous avec Rossinante
                La gentille rosse de Nantes

Au loin les petits parisiens

Au loin le boulevard Saint Germain
Au loin remugles d’alcool mondain

Prend avec lui le chemin de Grenade
Prend avec lui  le petit Cheminade

Prend avec lui les olives andalouses
 

                               Isabelle
Histoire de l'acrobate qui ne voulut plus descendre de son trapèze.

Etre sans histoire, sans destin
sans pensée, être d'exception
être d'équilibre sans raison donnée
être pesant sur terre
être d'air, de vent sur un trapèze errant
être de naufrage, d'une autre rive
d'un ailleurs en hauteur
sur un trapèze à fuir le temps
ou à contre-temps d'un programmé ressassé
une vie à inventer
à se balancer à son rythme
à se jeter puis se rattraper
un jeté au monde décidé par lui seul.

Hélène Foucault

mardi 12 mars 2013


L’ascenseur est tombé en panne comme d’habitude ! GERARD

MM Roux et Comballuzier je ne vous félicite pas, imaginez dans cet immeuble de grand standing, dégorgeant de marbres, quatre des occupants de niveau social élevé, de qualité morale époustouflante, prisonniers d’une machinerie infernale, entêtée à ne plus vouloir exécuter son office ! Nous sommes en 1923, et s’il est loisible de renvoyer un domestique après s’être défait sur lui de toutes nos invectives, que faire contre une machine qui s’en prend sournoisement à votre rang et à votre dignité et vous ferait manquer un souper fin ? Le progrès devrait tenir compte de l’étiquette et de la haute extraction de ces dignitaires de grandes familles à blason !!

La cage refermée et bloquée, la lumière s’était éteinte après un fracas de frottement crissant de pièces métalliques, et toutes les protestations pourtant formulées au subjonctif étaient inopérantes ; il n’était pas raisonnable d’espérer une intervention sur le champ de quelques préposés de basse  roture, non plus que de faire appel à ses gens ou à ses laquais munis de chaise à porteurs  afin de gravir les degrés de cet hôtel particulier; en désespoir de cause il fallait courber l’échine devant la technique et se constituer là, à huis clos, en micro société  car la concierge s’était absentée jusqu’au lendemain après avoir touché ses gages. Là étaient à leur corps défendant, Martin Duval, Mr Lan San, Ahmed ibn Ahmed et Madame de Muller et son caniche.

Mr Duval de la branche des Duval Champerret, maître en endormissement et lévitation, fut le premier à se résoudre à accepter le confinement en cet espace contraint pourvoyant une proximité inattendue et sans choix quant aux compagnons d’infortune qui pourrait mêler la roture au blason, voire à l’’étranger !!

Ignorant des mécanismes diaboliques de l’élévateur, Duval connaissait particulièrement les fonctionnalités du corps humain pour en apaiser les tensions et les angoisses, et notamment celles liées à cet espace réduit et sans échéance de sortie connue. Il dispensait ses paroles de soin afin de réguler les souffles et la consommation d’air.

Mais le caniche de Mme de Muller ne supportait pas Mr Duval, question de phéromone sans doute ? Mme de Muller feignit l’évanouissement et ne cessait de gémir, tout cela afin de mettre à profit l’assistance comme un auditoire inespéré. Et de son cabas dépassaient deux baguettes de pain, du lait et des croquettes. Mr Ahmed resté stoïque et silencieux jusqu’alors crut bon d’informer l’assemblée qu’il ne pourrait se rendre à son activité nocturne dont il ne précisa pas la nature ; il vitupérait et invectivait maintenant des responsables imaginaires, mais il offrit sa gamelle en partage  comme le font les bédouins du désert qui se fient à Dieu mais font aussi confiance aux Hommes.

Quant à Mr Lan San, il conserva cette passivité asiatique et alluma ses lanternes chinoises et donna une atmosphère de jour de l’an en cette année du rat ! D’ailleurs ils étaient faits comme des rats alors autant les honorer.

Chacun rogna sur l’accomplissement de ses désirs et besoins propres  afin d’adopter une position moyenne  et vivable à long terme. Mr Duval récitait des mantras mais il ne parvint pas à endormir ni à apaiser son entourage de promiscuité, et soudain il se mit à léviter à son corps défendant laissant ainsi de l’espace disponible pour le trio d’irréductibles terriens.

dimanche 10 mars 2013

samedi 9 mars 2013

Sur le thème de marabout- bout de ficelle....
montagne-gne vaut tard-tarte aux pommes-pomme d'api-pipi au lit-lituanie-anniversaire-cerf volant-lanterne magique-que je t'aime-émotion-motion de censure-censure des sens-sens interdit-dites moi tout-toutankamon-montagne...

 expressions ou lieux communs entendu-es+des mots-bouts de phrase découpés+une anaphore=
Moi ce que je veux dire...
Ecoutez jeune homme!
Vous savez pourquoi les anglais
Sarkozy, il est un peu fou
Moi ce que je veux dire...
Des bagatelles!
Des ornements de cabinet!
Moi ce que je dis...
L'avenir prend de l'avance
C'est l'époque qui veut ça
C'est l'Auvergne ou la Martinique
Moi je veux dire...
Elle, ingénue et bêtasse
Sa femme
un mois d'agonie
C'était un clochard vous savez
Moi ce que je veux faire...psychologue ou gynécologue, au choix
Manque de pot!
Pas de porte à vendre
Un lien avec le passé
Moi ce que je veux faire...
belotte et rebelotte
et Notre Dame pour la messe de minuit
Moi ce que je dis...
Faites moi confiansssse
on vit une époque épique
pique et pique et colégram!

Christine







mercredi 13 février 2013

Poésie sonore - Tome 3

Exercice : Ecriture automatique. Ecrire en lâcher prise.
Je suis assez fascinée des fascines du service rivière. Dis lui ce que tu penses lui dire selon les idées que tu as en tête. C’est une reconduction du programme précédent. Moi je prends bien le million si vous n’en n’avez pas besoin. Au fait combien tu pèses ? On n’est pas très clean sur ces opérations. Il y aura une évaluation d’Elise. Il faudra leur dire qu’on ne peut pas aller plus loin. Vous pensez à l’avenir et à l’impact sur le territoire ? Je suis désolée, je viens juste de rentrer de réunion. Par rapport à la convention cadre et à la map ….Barque à fond plat ou canoë ? Dans la soupe il y a du curry mais c’est pas épicé. Le pape a démissionné. Beckam est engagé pour faire parler du club. Il y aura des nuages de l’Aquitaine jusqu’au sud de l’Alsace. Les températures seront négatives. Pour les natifs du capricorne la semaine sera fructueuse. Il y a des PRA alors que le PNA n’est pas validé. On vous rembourse 10 fois la différence si vous trouvez moins cher. Prochaine station cité administrative.

Exercice suivant : A partir de bouts de texte, prendre des bouts de phrases qui interpellent
Il aimait peut être juste. Symbole de sa terre. Aussi précieuse que. Faire vivre ce miroir. Une lueur éclairant. Peu à peu. Au clair de la lune. La messe de minuit. Un joueur de flûte. Le calcul des choses. Les mots volaient.

Exercice suivant le suivant : mélanger les 2 exercices précédents
 Un joueur de flûte était fasciné de fascines.
-          Dis lui ce que tu penses lui dire au clair de la lune. Il faudra aussi lui dire de faire vivre ce miroir.
Les mots volèrent dans les nuages de l’Aquitaine jusqu’au sud de l’Alsace. Symbole de la terre, ils pensaient à l’avenir et ne purent aller plus loin.
Engagés, Désolé, Démissionnés, épicés.
-          C’est une reconduction dont vous avez besoin où le calcul des choses vous rembourse la différence.
Peu à peu, une lueur éclairant le joueur de flûte fasciné de fascines, les mots prirent les idées que tu as en tête.
Fructueuses, précieuses, chers
Mais il aimait peut être juste les natifs de la prochaine station.

Exercice de la fin : chercher une anaphore et reprendre le texte.

Un joueur de flûte était fasciné de fascines.
-          Dis-lui ce que tu penses lui dire au Clair de la lune et dis-lui de faire vivre ce miroir.
-          Dis-lui que les mots volèrent dans les nuages de l’Aquitaine jusqu’au sud de l’Alsace. Engagés et épicés.
-          Dis-lui que, symbole de la terre, les mots pensaient à l’avenir et ne purent aller plus loin. Démissionnés et désolés.
-          Dis-lui que c’est une reconduction dont vous avez besoin où le calcul des choses vous rembourse la différence. Evalué et validé.
-          Dis-lui que, une lueur éclairant peu à peu le joueur de flûte fasciné de fascines, les mots prirent les idées que tu avais en tête. Fructueuses et précieuses.
Mais lui, le joueur de flûte fasciné de fascines, il aimait peut être juste les natifs de la prochaine station.

Vanessa

mercredi 30 janvier 2013


Mardi 30 janvier 2012

Ecrire un monologue sur un rendez-vous manqué, texte à dire en duo en superposition ou tressé avec un autre texte et relatif à un voyage, un lieu découvert sans nuages pour l’assombrir.

« Attendre, attendre encore le messie ou son prophète et sa promesse, il ne vient pas, pourtant le solstice produit la révélation, la saison est propice, je veux voir l’apocalypse et sa fin des temps, le sens de la fin dernière ; je suis comme les juifs, le Christ n’est pas le messie un prophète parmi les prophètes, mon attente n’est pas comblée, le ciel n’est pas descendu sur la terre, j’attends l’image du Cosmos réfléchi sur mon sol. La vérité n’est-elle pas que dans l’attente, la quête non aboutie, c’est le chemin qui a du sens et non l’aboutissement, demandez à Parsifal ! Attendre, attendre à épuiser toutes les émotions négatives, patience menée à bout, désespoir et désarroi, je veux te donner le remords de ton manque de ponctualité quand tu me donnes la peur de mon attente vaine, l’espérance n’est qu’une souffrance ; est-il déjà venu que je ne l’ai vu ? Attendre pour rien l’inaccessible étoile, la contrée où personne n’ira jamais, beaucoup n’y sont pas allés et n’en sont pas revenus, attendre, attendre, venez ma colère et mon courroux, tremblez mes membres, mes pieds battez le sol, mes mains déchirez le tréfonds de mes poches, mes yeux épuisez la hagardise, tendez- *vous mes traits à me rendre blême ; je ne suis plus, je ne suis qu’attente et tension vers ce qui ne vient pas, je suis tout à l’heure et m’abstrait du présent, je ne suis que peut-être, je ne suis que parce que l’autre viendra ; je ne veux pas perdre ni renoncer, je veux désespérer l’espérance avant de capituler ; je n’aurai ni le bénéfice de la souffrance du prophète caché, ni le rachat, ni la grâce ; je suis inaccompli, je cède et baisse la tête, j’ai compris que le messie est attendu et ne vient jamais, mais l’attente est rarement vide si même personne n’est venu et ne viendra calmer et satisfaire la promesse de l’attente. Les promesses du diable ont-elles aussi ce pacte insupportable et morbide de l’attente ?»

Ecoute d’un extrait d’une musique contemporaine de KAGEL et notez le ressenti aussi épars que la musique est déconstruite.

Langue, langue, sons, sons, longueurs d’ondes exotiques sataniques et convulsifs, mots de colère, mots de peur derrière les croches du diable, mots de peur sidérante, silences déconstruits volés au génie de Mozart, martellements d’ensauvagement, cadence, cadences, syncope et arythmie, vertige démoniaque qui me dissolvent, injonction musicale de tuer les mots anciens pour des mots à chambre sonore, sans couleur ni odeur connue pour des chambres sonores et assourdissantes, déconstruire et détruire, faire mourir la chenille mélodique en soubresauts pour une chrysalide de musique insoupçonnée et sérielle, tonalités, tonalités, breaks du malheur, bing, bang, dring, argh, sortir des sens anciens et courants, vernaculaires ; à moi les sons barbares, vocalises rauques, battements de cœur  en marteau sans maître, où m’emmenez-vous ? Déluge et dérives d’aiguës à griffer les tympans, à faire sonner les osselets et l’enclume du diable, musique pour pores de peau, vibrations de squelettes sous les xylophones de l’enfer, danse macabre pour crânes rigolards aux orbites creuses claquantes et  sardoniques, demi-tons et demies-mesures de piano toc et toc, bruits et bruits de fureur, rythme alternatif de silence complice pour des Saints-Guy d’apothéose, aventure hors mélodie des arpèges, prenez ça bien dans les esgourdes et par vos voies sympathiques de vos os récepteurs, vibrez en transes, secoués, interdits, stupéfaits, étonnés, dans la dimension x….. de galaxies heurtées, de lumières vacillantes vibrantes et pâles avalées par les trous noirs  sonores, échos d’un univers dantesque au bras de Béatrices déconcertées et peu concertantes, adieux aux esthétiques et claviers tempérés, adieux aux baroques rococo et remixés, bonjour fureur et Tohu Bohu ! Nos épines dorsales sont ondulatoires et commandent nos mouvements saccadés et désaxés, corps disharmonieux aux vibrations de l’enfer, oubli de la raison et de la sensibilité, agression concrète aux bourdons farouches, puis silence dodécacophoniques, dodécaphoniques, dodécaph, dodéca ,dodéééé…….Gérard C….

dimanche 27 janvier 2013

 Liste de mes péchés inavoués au confessionnal
Gourmandise, convoitise, orgueil, vanité, envie, luxure, intempérance, mensonge, trahison, délation, oubli, tromperie, inconstance, inconsistance, injustice, narcissisme, perversion polymorphe, incongruité, dandysme inopportun, haine, prévarication, parjure, apostasie, idolâtrie, déviationnisme, libertinage, transgression, lubricité, imposture, vol, salacité, grossièreté, indifférence hautaine, curiosioté pathologique, empirisme confusionniste, zèle intempestif, couardise, lâcheté, effronterie, dilatation de l'ego, lucre, dévoiement, fétichisme alternatif, désertion libidinale, déviance exotique, cynisme manipulateur, utopisme invétéré, refoulement subjectif......... Gérard C.....

jeudi 17 janvier 2013

Chemin parcouru à rebours, à l'endroit
chemin retors dévorant de rêves envieux,
dévidant un fil éteint - chemin d'aveugle
et cet arbre en fleurs, anodin
entêtant de présence
lumière improbable dans ce silence sans fin
ne plus rejouer ces pas, inventer un chemin
retrouvailles insoupçonnées d'une trace désirante, sienne
laisser ce chemin à perte de repère
trop de fois parcouru...délétère.
Hélène


lundi 14 janvier 2013

Les photos...



Au théâtre Sheridan, ce soir

Encore Hopper.

Écrire une histoire à partir de l'incipit fourni par sa voisine en incluant des bribes d'un texte d'un autre voisin.


Comme chaque vendredi, elle était venue au théâtre Sheridan pour voir jouer le silence.

Comme chaque vendredi depuis ce vendredi fatal  où elle l'avait attendu.
Tant attendu.
          
                          Vainement.

On jouait à l'époque Macbeth.
Longtemps elle pensa qu'elle avait commencé à le désaimer, à le hair.

Hélas, ce n'était pas de la haine, mais une douleur qui absorbe sa vie et qui la fait encore aujourd'hui, hurler .

Dans le vide

Et elle reste là, agrippée à la balustrade, là où Hopper l'avait posée.

Avec un sourire vague.
La consistance du vertige dans le regard.

Attendant l'extinction de la douleur, cette douleur qui la ramène dans ce théâtre tous les vendredis.
Elle se retrouve décomposée par la vie, perdue dans la concordance des temps.

Le passé, le présent où l'on entend, dans ce théâtre , une litanie de plainte, une rumeur de perte.

Ce temps

Qu'elle n'avait pu  l' accorder au sien, puisqu'il n'était pas venu la rejoindre.

Et subitement elle compris.

Elle compris ce qu'il lui faisait vivre. C'est ce qu'il peint depuis des années:

L'angoisse humaine,
La solitude,
                              L'absence,
Le silence,
L'attente,
L'énigme du désir,
du Temps
                 L'énigme de la mort.

Ce fut comme une vision :

Elle allait se jeter dans le vide et il ne peindra plus que des tableaux dans lesquels le sujet a disparu.

Elle enjamba la balustrade et

..............bascula dans le vide.

Son cri zébra d’un grand trait le Silence qui se jouait ce soir là au Théâtre Sheridan.

Claude van Ackere